La réforme des heures creuses franchit une étape décisive : à partir du 1er novembre, une large part de ces plages tarifaires sera repositionnée l’après-midi. Objectif affiché par le régulateur de l’énergie : lisser les pointes du matin et du soir, mieux valoriser la production excédentaire de la mi-journée (notamment solaire) et offrir aux consommateurs des fenêtres moins chères quand le système électrique en a le plus besoin. Selon la délibération de la CRE du 6 février 2025, jusqu’à 11 millions de foyers sur 14,5 millions ayant opté pour l’option heures pleines/heures creuses basculeront progressivement vers cette nouvelle organisation d’ici octobre 2027, tandis qu’une première vague de 1,7 million de clients avec deux plages scindées sera ajustée dès l’entrée en vigueur. En parallèle, deux créneaux deviennent interdits en creux : 7 h–11 h et 17 h–23 h. Dans ce contexte, les fournisseurs — EDF, Engie, TotalEnergies, ou encore des alternatifs comme Ilek, Alterna, Mint Energie et Ohm Energie — alignent leurs offres, tandis que Enedis orchestre le positionnement des plages au compteur. À la clé : une opportunité d’économie, avec des heures creuses en moyenne 21 % moins chères au tarif réglementé, même si l’abonnement augmente d’environ 4 € par mois. L’enjeu est clair : tirer parti de cette mutation technologique pour transformer un signal tarifaire en gains concrets sur la facture.
Électricité : changement des heures creuses au 1er novembre — ce qui change et pourquoi
Le cœur de la réforme consiste à déplacer une fraction majeure des heures creuses vers l’après-midi, période où la demande reste modérée alors que la production — notamment photovoltaïque — est souvent abondante. La décision de la CRE, publiée le 6/02/2025, s’inscrit dans une stratégie de pilotage fin de l’écosystème numérique de l’énergie, où les compteurs communicants et la programmation des usages domestiques deviennent des leviers de flexibilité. D’un point de vue économique, il s’agit de rapprocher consommation et production pour réduire les coûts système et contenir les tensions sur le réseau en soirée.
Le calendrier est progressif : une première salve de 1,7 million de contrats à plages scindées basculera dès le 1er novembre. Parallèlement, deux créneaux sortent définitivement des heures creuses : 7 h–11 h et 17 h–23 h. À l’issue du déploiement, jusqu’à 11 millions de clients profiteront d’un tarif creux en journée. Ce mouvement s’articule avec la modernisation du réseau électrique français et les débats qu’elle suscite, notamment sur la gouvernance du signal tarifaire et la place du solaire dans l’équilibre offre-demande, parfois marqués par des désaccords entre opérateurs et régulateur.
- Plages interdites en creux : 7 h–11 h et 17 h–23 h, afin de protéger les heures de pointe.
- Déploiement : première vague de 1,7 million de clients, montée en charge jusqu’à octobre 2027.
- Écart tarifaire : heures creuses ~21 % moins chères au TRV, avec un abonnement +4 €/mois.
- Pilotage : plages fixées par Enedis, offres alignées par EDF, Engie, TotalEnergies et les alternatifs.
- Finalité : absorber la production excédentaire de la mi-journée et réduire les coûts du système.
En filigrane, c’est une nouvelle étape de la révolution numérique de l’électricité : le prix devient un signal dynamique au service de l’équilibre réseau.

Optimiser sa facture : programmer ses usages pendant les heures creuses de l’après-midi
La bonne stratégie consiste à automatiser ce qui peut l’être pour concentrer les consommations flexibles en creux. Un foyer urbain comme celui de Clara et Yassine, deux actifs avec un enfant, a paramétré son chauffe-eau et sa pompe à chaleur pour un fonctionnement prioritaire l’après-midi, tout en décalant vaisselle et lessives. Résultat : une baisse de la facture de plusieurs dizaines d’euros par trimestre, sans perte de confort.
Les fournisseurs — EDF, Engie, TotalEnergies, mais aussi des acteurs comme Direct Energie (intégré à TotalEnergies), Ilek, Alterna, Mint Energie, Ohm Energie ou l’ex-Planète Oui — proposent des offres à heures creuses dont le positionnement horaire reste piloté par Enedis. Pour aller plus loin, l’option d’effacement jour de pointe (EJP) illustre une autre logique : consommer moins les jours critiques pour bénéficier de tarifs avantageux le reste du temps.
- Chauffe-eau : régler le contacteur en mode auto pour qu’il bascule pendant les creux.
- Lave-linge/lave-vaisselle : activer le départ différé ciblant la plage l’après-midi.
- Pompe à chaleur : surchauffer légèrement en creux puis laisser la température dériver en pointe.
- Véhicule électrique : programmer la recharge principale entre midi et fin d’après-midi.
- Piscine : filtrer prioritairement durant les heures creuses.
Pourquoi se priver d’un kWh moins cher quand le réseau est le plus détendu ? L’essentiel est de transformer ce signal tarifaire en automatisme quotidien.
Enjeux énergétiques et économiques : l’après-midi devient la nouvelle heure creuse
La bascule vers l’après-midi reflète une mutation technologique : la montée des renouvelables, surtout le solaire, creuse la “vallée” de demande en journée. En alignant l’usage domestique sur cette production excédentaire, le système réduit les importations coûteuses, limite l’appel aux centrales fossiles et diminue le prix marginal sur le marché de gros. Ce déplacement est aussi un enjeu de sécurité d’approvisionnement en période hivernale.
Les tensions entre acteurs ne sont pas nouvelles : la coordination entre opérateurs de transport et régulateur a déjà suscité des analyses sur la cohérence du pilotage, comme en témoigne cette lecture sur la discordance entre RTE et le régulateur. Plus largement, la modernisation du réseau électrique repose sur des compteurs communicants, des algorithmes de pilotage et une tarification incitative — un socle de la transformation numérique du secteur. Même les aléas de mobilité, illustrés par cet état des lieux des impacts d’une grève nationale, rappellent à quel point la synchronisation des usages (transport, logement, énergie) devient un sujet systémique.
- Carbone : consommer en creux favorise une électricité moins émettrice.
- Coûts réseau : réduction des congestions et des pointes du soir.
- Prix final : arbitrage en faveur de kWh à faible coût marginal en journée.
- Innovation : essor des thermostats intelligents et de l’agrégation de flexibilité.
- Résilience : meilleure robustesse du système face aux aléas saisonniers.
Au-delà du foyer, c’est l’architecture même du système électrique qui se reconfigure autour d’une demande plus agile et pilotable.
Check-list avant le 1er novembre : réglages, contrat et suivi en temps réel
Un passage en revue rapide évite les mauvaises surprises et maximise l’économie. Les contrats à heures creuses présentent un abonnement légèrement supérieur, mais le différentiel en creux — environ 21 % — conserve l’avantage si les usages sont correctement décalés. En cas de doute, un appel à son fournisseur ou une vérification sur l’espace client permet de confirmer les nouvelles plages programmées par Enedis.
Pour anticiper, s’appuyer sur des ressources de fond telles que cette synthèse sur la réforme des heures pleines/creuses et les débats afférents aux enjeux de régulation offre un cadre utile pour arbitrer entre offres et options.
- Contrat : vérifier sur l’espace client les nouvelles plages et l’option tarifaire active.
- Compteur : s’assurer que le Linky affiche bien la bascule automatique.
- Appareils : programmer chauffe-eau, gros électroménager, VE et chauffage pour l’après-midi.
- Offres : comparer EDF, Engie, TotalEnergies, Ilek, Alterna, Mint Energie, Ohm Energie et l’historique Direct Energie.
- Alertes : activer les notifications de prix/consommation dans les applications des fournisseurs.
Dernier réflexe gagnant : transformer ses réglages en routines automatiques pour capter, jour après jour, la valeur de ces nouvelles heures creuses.
Journaliste spécialisée en technologies et innovations économiques, j’analyse les mutations numériques et leur impact sur les entreprises et la société. Après une formation en ingénierie et en journalisme, j’ai collaboré avec plusieurs médias spécialisés, apportant un éclairage précis sur les enjeux technologiques contemporains.

