Le Bon Coin est devenu une référence incontournable pour vendre ou acheter tout type d’objet. Pourtant, derrière les bonnes affaires se cachent parfois des pièges. Mauvaises surprises, arnaques ou malentendus : mieux vaut rester vigilant. Découvrez les 5 erreurs à éviter pour profiter pleinement de la plateforme en toute sécurité.
Pourquoi rester vigilant sur Le bon coin ?
En 2014, une femme de 29 ans a été arrêtée par la police après avoir escroqué des internautes sur le site leboncoin.fr. Elle proposait des objets à vendre, mais les acheteurs ne recevaient jamais leur commande. L’enquête menée par la police de Lisieux a révélé qu’elle avait trompé au moins 25 victimes, récoltant plus de 4 000 euros. « Nous avons identifié des victimes en Bretagne, dans le Nord, à Villeneuve-d’Ascq et au Neubourg », a précisé le commandant Dominique Garcia.
Quelques mois plus tôt, la Cour d’appel de Rouen avait déjà jugé un autre réseau, cette fois basé en Afrique. Cette arnaque bien organisée visait des propriétaires bailleurs, les incitant à transférer de l’argent à de faux locataires. Si l’intermédiaire français a été arrêté, les responsables principaux, eux, sont toujours en fuite.
Pour Me Sébastien Robineau, avocat et fondateur du cabinet Homère spécialisé en droit des sociétés, « ces condamnations ne résolvent pas le problème de fond, car celui-ci se situe ailleurs ». En effet, la législation actuelle peine à s’adapter aux escroqueries opérées à distance, souvent hors du cadre légal français, qui ciblent de plus en plus les plateformes de petites annonces, notamment Le Bon Coin, le leader du secteur.
La vigilance est donc de mise, surtout pendant les fêtes de fin d’année, une période où les transactions explosent. Noël attire les arnaques, avec plus de 26 millions d’annonces publiées sur Le Bon Coin, soit presque une par foyer français. Pour éviter de tomber dans ces pièges, il est essentiel de les connaître, de savoir les repérer et d’agir avec précaution. En cas de doute, contacter directement le site par mail ou téléphone reste la meilleure solution pour vérifier une annonce suspecte.
Piège 1 : la nigériane
La cour d’appel de Rouen a récemment jugé une affaire d’escroquerie courante sur les sites de petites annonces (affaire 13/01303). Cette fraude, souvent orchestrée par des escrocs basés en Afrique, repose sur des annonces alléchantes pour des locations immobilières ou des ventes de jeux vidéo.
Les victimes, attirées par ces offres, sont invitées à effectuer un paiement sur un compte bancaire en France, une stratégie qui inspire confiance. « En proposant un compte bancaire français, les escrocs rassurent les internautes, évitant ainsi de susciter des soupçons », explique Me Sébastien Robineau. Cependant, une fois les fonds transférés, l’argent est rapidement redirigé vers un compte étranger, souvent en Afrique, après que le détenteur initial a prélevé sa commission.
Piège 2 : l’arnaque subtile du « trop-perçu » sur Le Bon Coin
Cette arnaque exploite l’honnêteté des propriétaires. Elle cible les annonces légitimes de locations de vacances, publiées par de vrais propriétaires. Les escrocs se font passer pour des vacanciers intéressés et demandent à réserver en réglant la totalité par virement bancaire. Cependant, ils effectuent volontairement un virement d’un montant bien supérieur au prix convenu.
Les propriétaires, souvent gênés par ce « trop-perçu », contactent les faux locataires pour signaler l’erreur. Si ce n’est pas le cas, les escrocs prennent les devants et réclament eux-mêmes le remboursement rapide de la somme excédentaire, sous 24 heures. Ce que les propriétaires ignorent, c’est que le virement initial est en réalité annulé avant d’être définitivement validé, souvent en raison des délais plus longs des virements internationaux. Résultat : le propriétaire se retrouve à rembourser un montant qu’il n’a jamais réellement reçu, et il est trop tard pour annuler l’opération.
Ce type de fraude n’est pas nouveau : déjà en mars 2014, la Cour d’appel d’Aix avait condamné un jeune homme pour une escroquerie similaire (affaire 13-81.780). Une preuve que cette méthode reste l’un des stratagèmes les plus sournois utilisés sur les sites de petites annonces.
Piège 3 : le mandat anonyme
Cette arnaque, bien connue depuis quelques années, continue malheureusement de piéger de nombreux internautes. Le principe est simple : le vendeur exige un paiement via Western Union ou un autre service de transfert d’argent anonyme. Généralement basé à l’étranger, il assure qu’il ne récupérera les fonds qu’après la livraison du produit. Mais en réalité, il encaisse l’argent immédiatement, et l’objet promis n’est jamais envoyé.
Autrefois, ces escroqueries étaient facilement repérables grâce aux nombreuses fautes de français dans les annonces. Mais les fraudeurs se sont perfectionnés, et leurs messages sont désormais beaucoup plus convaincants, rendant cette arnaque encore plus difficile à détecter. Il faut être donc particulièrement vigilant face à ce type de demande !
Piège 4 : l’emballage scellé
Cette arnaque cible principalement les produits multimédias tels que les ordinateurs portables ou les téléphones mobiles, souvent proposés à des prix imbattables. L’acheteur, attiré par une offre alléchante, fixe un rendez-vous avec le vendeur. Ce dernier présente un produit apparemment neuf, encore scellé dans son emballage d’origine.
Pour rassurer, le vendeur explique qu’il doit être payé avant que l’emballage ne soit ouvert, affirmant qu’un produit déballé ne pourra plus être revendu facilement. L’acheteur, confiant, s’exécute. Mais une fois l’emballage ouvert, il découvre une mauvaise surprise : le produit est défectueux, remplacé par une version obsolète ou, pire, par un simple « lest ». Pendant ce temps, le vendeur a déjà pris la fuite.
Chaque année, ce type d’escroquerie donne lieu à des centaines de plaintes sur les plateformes de petites annonces. Il faut être donc prudent et refuser de payer avant d’avoir vérifié le contenu !
Piège 5 : l’arnaque PayPal
L’internaute met en vente son ordinateur, et un acheteur se montre intéressé. Sa seule condition : régler via PayPal. Rien d’inquiétant en apparence, puisque PayPal est réputé pour sa sécurité et ses garanties en cas de litige. Il reçoit alors un mail soi-disant envoyé par PayPal, confirmant le paiement de l’acheteur. Cependant, l’argent ne sera crédité qu’une fois le colis expédié.
Confiant, le vendeur envoie le bien. Mais l’argent n’apparaîtra jamais sur son compte, car PayPal n’a rien à voir avec cette transaction. Ce mail est une fausse notification, et PayPal ne demande jamais l’expédition d’un colis avant de créditer un paiement.
Pour éviter ce piège, il faut vérifier attentivement l’adresse de l’expéditeur : les vrais mails de PayPal utilisent des adresses du type [email protected] ou [email protected]. Cette arnaque reste fréquente, comme en témoignent les nombreux signalements sur des sites comme Arnaque ou pas. Il faut rester vraiment vigilant !
Le Bon Coin : un succès phénoménal, mais pas sans risques
Le Bon Coin s’est imposé comme une référence incontournable des ventes entre particuliers en France. Avec 800 000 nouvelles annonces publiées chaque jour, il a surpassé des géants comme eBay, notamment dans les secteurs de l’automobile et de l’immobilier. Aujourd’hui, un Français sur trois utilise cette plateforme pour ses achats, attiré par son principal atout : la gratuité. « C’était pour nous le meilleur moyen de nous imposer sur le marché », confie Olivier Aizac, directeur général du site.
Ce modèle économique basé sur la publicité génère des revenus colossaux : en 2014, le chiffre d’affaires dépassait les 125 millions d’euros, avec une marge impressionnante de 60 %. Ce succès profite également à sa maison mère, le groupe norvégien Schibsted, éditeur du journal gratuit 20 Minutes. Mais cette réussite attire aussi son lot d’escrocs, séduits par la facilité et la gratuité de mise en ligne des annonces.
Une vigilance accrue face aux abus
« Nous ne sommes qu’une interface entre particuliers », se défend un responsable interrogé par Challenges. Pourtant, Le Bon Coin est conscient que des annonces frauduleuses répétées pourraient ternir sa réputation. Pour y faire face, la plateforme a mis en place plusieurs dispositifs préventifs :
- Collaboration avec les marques: pour détecter plus efficacement les contrefaçons ;
- Outils de détection automatisés: des logiciels analysent les annonces, notamment dans le secteur automobile, pour repérer des écarts suspects entre la description d’un véhicule et sa valeur sur le marché ;
- Équipes spécialisées: une trentaine de personnes à Paris vérifient la rédaction des annonces, tandis qu’une équipe de 150 salariés basée à Malte modère les contenus pour éliminer les fraudes ou propos illégaux.
Les arnaques, un phénomène minoritaire
Selon Le Bon Coin, les arnaques restent rares. Elles concernent principalement les paiements dématérialisés (chèques, mandats, virements), qui ne représentent que 10 % des transactions. La majorité des utilisateurs préfèrent encore les échanges en main propre, avec un paiement en espèces, réduisant ainsi les risques de fraude.
Cependant, ce succès ne doit pas faire oublier la nécessité de rester vigilant, que l’on soit vendeur ou acheteur. La proximité et la simplicité de la plateforme sont des atouts, mais ils nécessitent aussi un minimum de prudence pour éviter les mauvaises surprises.
